L’émission “Carnets de campagne” du 14 décembre sur France -Inter était consacré à la forêt nourricièrede Nétreville.
On peut la réécouter ici :https://www.franceinter.fr/emissions/carnets-de-campagne/carnets-de-campagne-14-decembre-2018
L’hebdomadaire “La Vie “a publié sur le même sujet cet article:
« C’est un jardin extraordinaire ! », aurait chanté l’ami Charles Trenet s’il avait participé à l’aventure. En lien avec le mouvement citoyen Alternatiba, un collectif d’associations écologistes, mobilisé pour lutter contre le dérèglement climatique, a décidé de s’investir dans la plantation d’une « forêt nourricière » à Évreux, sur les coteaux de Nétreville (Eure). « Ce projet ambitieux répond à une triple ambition », affirme Claude Ordioni, son coordinateur référent. « Il s’agit de produire de la nourriture pour la consommation locale, de créer un espace en accès libre pour favoriser l’observation de la diversité et de faciliter la participation des habitants du quartier. » Lancé il y a un an, ce jardin forestier qui n’en est qu’à ses débuts occupera, à terme, près d’un hectare de terrain. Et plus si affinité.
Le concept de « forêt nourricière » remonte à la préhistoire avec, déjà, ces premières forêts qui essaimaient le long des fleuves, en lisière de jungles ou sur les pentes humides du Sri Lanka. Aussi loin que remonte la main de l’homme, cet agro-écosystème a nourri des générations d’humains, car riche en fruits, en légumes et en plantes diverses. Il a fourni également du bois de chauffage, du fourrage, de la teinture ou des fibres, principe éprouvé du Népal à la Tanzanie. « Dans l’absolu, la forêt idéale se développe sur sept strates, de la canopée aux sous-sols en passant, notamment, par les lianes, les taillis et les arbustes », explique Claude Odioni, qui est aussi l’un des fondateurs du Collectif pour une transition citoyenne de l’Eure (CTCE), à l’origine du projet. « Mais on peut aussi raisonner sur trois strates. »
Noyers, châtaigniers, merisiers et cerisiers occupent l’espace supérieur. Juste en dessous, il est possible de planter pruniers, poiriers, pêchers, noisetiers ou abricotiers. Les arbustes à fruits rouges se contentent de l’espace inférieur, propice à la culture des framboises, cassis, groseilles ou myrtilles. « Un framboisier peut donner ses premiers fruits l’année de sa plantation. Par contre, pour un chêne ou un châtaignier, il faut patienter au moins deux décennies » convient Claude Ordioni qui rêve d’une parcelle où foisonneraient cornichons, courges grimpantes, salades sauvages, pleurotes et autres bulbes comestibles. L’ensemble étant bordé de grands arbres, protégeant du vent du Nord, et de haies favorisant la photosynthèse.
Les chantiers participatifs régulièrement organisés sur le site permettent aux habitants qui le souhaitent d’apporter leur savoir-faire et de bénéficier aussi de la cueillette des fruits. La participation aux plantations et à l’entretien du site peut être ponctuelle ou régulière. Mais il n’est pas obligatoire de s’inscrire à un chantier participatif pour accéder à la forêt, se promener ou récolter les fruits. Conçue pour fournir une production alimentaire variée, sans apport d’engrais ni d’énergie fossile, la forêt nourricière présente de nombreux bénéfices sociétaux (accessible à la population de proximité, celle-ci peut se réapproprier, en partie, son mode d’alimentation tout en développant le lien social et environnementaux (système autonome générant sa propre fertilité). « Défendre la nature et respecter ses lois, c’est défendre l’humain », assure Claude Ordioni.
Près de 150 personnes suivent le projet dans tout le département. « Certains viennent nous offrir des plants de leur jardin tandis que d’autres font connaître notre action là où ils sont. Beaucoup participent aux chantiers ou aux ateliers de compostage que nous organisons sur place. » L’occasion d’un pique-nique (zéro déchet) et d’une rencontre conviviale. En bordure de la parcelle de 8 300 m² dédiée à l’association, la Ville d’Évreux souhaite créer son propre espace naturel, avec sentier pédagogique, mare et belvédère. Histoire d’apprécier le panorama, tranquillement adossé à la forêt nourricière qui offre une alternative au modèle actuel dans l’impasse.
« Changeons le système, pas le climat ». Si elles reprennent volontiers ce slogan écolo, les associations partenaires du projet voudraient contribuer à faire bouger les mentalités et à modifier les comportements. « Bien sûr, la lutte contre le dérèglement climatique nécessite des décisions politiques fortes et efficaces », analyse Claude Ordioni. « Mais il faut aussi que nous, citoyens, soyons prêts à changer nos modes de vie et de consommation. Lorsque j’étais enfant, mes parents n’avaient pas de voiture. Le dimanche, nous allions à pied, en forêt, cueillir des noisettes et des champignons. Et je crois que nous n’étions pas plus malheureux. J’aimerais que notre initiative donne envie à d’autres de créer, autour de nos villes, des forêts qui nourriront les générations futures. » Comme le fredonnait Charles Trenet : « Il suffit pour ça, d’un peu d’imagination ! »
> Pour en savoir plus :
Collectif pour une Transition Citoyenne de l’Eure Alternatiba
chez Alain Métillon
21 bois des Fortières, 27190 Glisolles
Tél : 06 59 41 92 23
Mail : evreux@alternatiba.eu
Site : http://evreux.alternatiba.eu/